Être référent…
Pour moi être référent c’est au départ le fruit du hasard. Une visite au café 3C, un coup de fil : « oui », « pourquoi pas » On réfléchit et… ok : on se lance. Mais nous ne savions pas ce que nous allions faire, ni ce que nous allions apprendre.
Être référent :
C’est tout d’abord une rencontre, des rencontres avec de belles personnes.
C’est donner de son temps et découvrir un autre monde, inconnu pour nous tant au niveau culturel, linguistique, qu’administratif et juridique.
C’est accepter de tâtonner dans les démarches, de demander de l’aide.
Mais surtout, c’est faire confiance à la vie en voyant les sourires de ces personnes que la vie a malmenées dès leur plus jeune âge.
C’est apprendre l’humilité, le respect.
C’est de ne pas avoir peur de l’autre, celui que l’on ne connaît pas.
C’est donner sans vouloir recevoir pour le simple geste d’aider.
Être référent ce n’est pas de tout repos surtout lorsqu’il y a le barrage de la langue et que les jeunes sont très très jeunes, encore des enfants et pourtant déjà parents.
Des jeunes ayant déjà tant vécu et
subi de douleurs, de maltraitance, ayant connu la guerre, le déracinement et tout ce qui ne se dit pas.
Mais au-delà de toutes ces horreurs, il y a l’émerveillement dans leur yeux, les « tout va bien », « tout va toujours bien », les sourires lorsqu’on arrive, le plaisir de partager un moment même dans le silence l’apprentissage de la communication gestuelle et visuelle pour communiquer, les fous rires.
Le plaisir de voir les progrès qu’ils font pour s’adapter, pour apprendre.
Les progrès que nous faisons nous aussi pour apprendre à ne pas aller trop vite avec eux et leur laisser le temps de se reconstruire.
Il y a aussi les moments de stress, de doute, ne pas savoir si ce que l’on fait est bon, ne pas être à la hauteur.
Des moments de tristesse de voir la façon dont ces personnes sont si peu respectées.
Des moments de colère après ce droit d’asile si compliqué.
Mais être référent c’est avant tout donner une petite part de soi même.
C’est partager les peurs et les joies.
C’est accompagner un bout de chemin ceux qui en ont besoin.
C’est s’engager pour que notre monde soit plus humain.
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