Cercle de silence : 8 juin 2019

Il y a un mois nous vous avions fait part d’un constat, fondé sur des observations de terrain et notamment celles de militants de la Cimade,  démontrant que le règlement de Dublin avait toutes les apparences d’un outil destiné à dissuader les personnes exilées d’entrer en Europe, en faisant de leur parcours une véritable course d’obstacles.

Cependant, en vue d’éviter la répétition de la « crise des réfugiés » de 2015 où la Grèce était devenue le principal pourvoyeur de futurs dublinés, l’Union européenne mit alors en place des centres d’enregistrement (souvent désignés sous le nom de hotspots) pour faire l’examen des demandes d’asile et ceci dès le passage de la frontière gréco-turque. L’île de Lesbos fut choisie parmi d’autres lieux car elle est le point de passage le plus fréquenté par les personnes venant de Syrie et plus généralement de tout le Moyen-Orient.

Le centre d’enregistrement (de tri devrait-on dire) de Moria, est actuellement le plus grand camp de migrants d’Europe, un véritable bidonville dans sa plus grande partie, où les personnes n’ont pas le droit de quitter l’île sans autorisation et restent confinées dans des conditions sanitaires intolérables. On y dénombre en période hivernale près de 7 000 demandeurs d’asile dont 43% d’enfants, plus de 10 000 personnes s’y entassent au cœur de l’été !

Les démarches administratives sont extrêmement longues, elles durent plusieurs années, ainsi les rendez-vous pour un premier entretien sont actuellement pris dans le courant de 2021, sachant que la réponse, quand elle arrive, signifie le plus souvent un retour en Turquie sans autre forme de procédure. MSF qui intervient dans ce camp rapporte de nombreux problèmes de santé mentale… Comment pourrait-il en être autrement ?

Ce triste constat est à rapprocher de celui que les associations intervenant dans les centres de rétention en France, pays européen « qui a le plus recours à l’enfermement des personnes étrangères en vue de les éloigner », viennent de faire connaître. leur rapport indique notamment que l’actuel gouvernement « a complètement banalisé l’enfermement (45 000 en 2018) , avec une logique d’affichage qui consiste à vouloir massivement éloigner et qui marche très mal ».

Ainsi la boucle est bien bouclée, on maltraite les exilés entrés en Europe en trahissant, avec les accord de Dublin, la Convention de Genève ; on les parque éventuellement dans des camps sur des îles reculées afin de leur faire perdre l’espoir et parfois la raison ; on leur fait vivre l’enfer quand ils ont néanmoins réussi à pénétrer – sans papiers – sur notre sol au moyen d’enfermements qui ne débouchent que très peu sur des expulsions.

Le but assumé de tous ces traitements indignes est le même : harasser, dissuader, décourager !

Rendez-vous pour protester contre tous ces dénis de droits samedi 8 juin de 11h30 à midi, Place de la Rotonde à l’orée des Allées Provençales.

ACAT Aix, Collectif AGIR Aix-en-Provence, AIX-SOLIDARITE, AJC Amitié Judéo-Chrétienne Aix, AMNESTY International Aix, ASTI d’Aix-Marseille, ATD QUART MONDE AIX, ATMF Pays d’Aix, ATTAC Pays d’Aix, CADTM Aix, CCFD-Terre Solidaire Aix, CIMADE Pays d’Aix, EMMAUS Cabriès, ENTRAIDE de l’EPU l’Eglise Protestante Unie – Aix, FPPA Féminin Pluriel en Pays d’Aix, FRATERNITE FRANCISCAINE Aix, JRS France (Accueil Jésuite des Réfugiés-Welcome) LDH Ligue des droits de l’homme Aix, MAIS International, OMI Missionnaires OBLATS Aix, PASTORALE DES MIGRANTS Aix, RELAIS ST DONAT, REPAIRE DU PAYS D’AIX, RESISTER Aujourd’hui, RESF13, SECOURS CATHOLIQUE Aix, SAF Syndicat des Avocats de France Aix.