Les faits et gestes de Julie
Julie Allard n’est pas Nicole Ferroni, ni Anne Roumanoff, mais elle a réussi une performance spectaculaire samedi à La Tour d’Aigues.
Invitée par le Collectif Agir à évoquer la situation des migrants, l’avocate avoue qu’elle n’a rien appris concernant le droit des étrangers en Faculté de droit. En vacances dans le sud de l’Espagne, c’est en rencontrant un jeune Marocain en situation irrégulière qu’elle comprend ce que serait son combat contre l’injustice.
Et c’est en gesticulant (le mot n’est pas péjoratif), les situations vécues qu’elle nous conquit.
Tantôt en robe noire, tantôt en jean et pull coloré, l’avocate nous invite à la suivre, à apprendre, à comprendre.
On est avec elle au tribunal quand elle plaide pour ce couple avec deux enfants jeunes majeurs, « Dublinés », ne pouvant pas déposer leur demande d’asile à l’OFPRA parce que le papa et son fils sont entrés en Europe par l’Italie, la maman et sa fille par la Bulgarie.
On est dans sa cuisine quand elle arbitre un conflit avec ses enfants.
Et dans son bureau quand elle dénonce la situation de cette jeune maman de Guinée : mariée de force, elle accouche d’une fillette. Excisée, l’enfant meurt d’une complication. Un an plus tard, la maman met au monde des jumeaux, un garçon et une fille. Pour éviter une nouvelle excision, la maman s’enfuit avec les deux bébés.
En France, la CAF lui dit que la fillette, considérée comme réfugiée en raison des risques sanitaires, est en règle, mais pas son frère, en situation irrégulière.
Elle doit le renvoyer dans son pays et faire une demande de regroupement familial !
Julie nous rappelle que, si la majorité des migrants se voient reprocher l’irrégularité de leur entrée en Europe, c’est parce qu’on leur refuse de venir légalement. Qui prendrait le risque de se noyer en Méditerranée, en payant beaucoup plus cher qu’un billet d’avion, s’il obtenait les visas nécessaires ?
Professeure, elle relativise l’arrivée « massive » d’étrangers. Il est vrai qu’accueillir un million d’exilés, quand on est 500 millions d’habitants, cela ne représente 0,2 % de la population !
Mais alors, que faire ?
Julie connaît les lois écrites, mais aussi la solidarité dictée par notre cœur, la Fraternité qui est dans la devise de la République, comme l’a reconnu le Conseil constitutionnel le 6 juillet 2018. Mais pourquoi la loi française ajoute-t-elle « À condition que ce soit une attitude exclusivement humanitaire, pas une attitude militante » ?
Julie nous a captés. Elle va conclure en démontrant l’inefficacité de l’État d’urgence et des lois sécuritaires.
Les risques terroristes en France ? 529 morts depuis 47 ans.
Oui, c’est terrible, mais que dire des 137 femmes tuées par leur mari ou compagnon depuis moins de onze mois en France ? Et des milliers de morts en Méditerranée ?
Alors pourquoi ces lois sécuritaires, arbitraires, si ce n’est pour faire peur, détourner de problèmes plus graves…
Ne tombons pas dans le piège. Les Droits de l’Homme sont plus importants que les travers de certains gouvernements.
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