LE MOT DU PRÉSIDENT
Le Collectif Agir a traversé, subi, le confinement. Le Covid-19 poursuit sa route. Comme tous, nous sommes dans l’incertitude et cela demande d’être toujours réactifs, adaptables.
Ce temps est long, lourd et demande encore plus d’énergie pour assurer un accompagnement satisfaisant aux demandeurs d’asile.
Ce temps long risque de démobiliser, de fatiguer. Et pourtant, nos amis d’ailleurs ont besoin de nous, encore, et ceci tant que nos États Européens ne seront pas capables de s’entendre pour pouvoir, enfin, assurer des conditions d’accueil dignes et à tous.
Devrons-nous avoir d’autres Moria ? La France acceptera-t-elle, enfin, de recevoir et protéger ces personnes qui fuient le danger ?
Le camp de Moria à Lesbos, là, à côté, chez nos amis Grecs. 12 000 personnes que les États Européens ne veulent pas. Non, j’exagère, 11 600 puisque la France et l’Allemagne accepteraient de recevoir 400 mineurs !
Partout, ils attendent.
Devant la porte du Collectif aussi. Depuis plusieurs mois, la liste de demandeurs d’asile, femmes avec enfants, couples, célibataires qui nous demandent assistance, ne diminue pas. Nous avons fort à faire et nos moyens sont bien limités. Je crains fort que nous ayons besoin de vous tous, et encore plus nombreux, de votre énergie, de votre mobilisation encore et encore.
Des appels aux volontaires se multiplient. Le refuge de Briançon que j’ai eu au téléphone ce mercredi appelle aussi à l’aide.
Le collectif Agir est un instrument précieux, un tout petit instrument précieux et indispensable, précieux mais qui reste fragile. Je suis inquiet et confiant à la fois. Nous sommes nombreux !
C’est indispensable.
Soyons forts et tenaces, ensemble.
A très bientôt à l’Assemblée Générale.
Les permanences
Les permanences au local sont en cours de redémarrage, 10h → 12h le matin, 14h →16h l’après midi.
Pour le mois de Septembre, elles sont assurées les lundis, et mercredis, matin et après-midi, le mardi matin et le vendredi après-midi.
En revanche, nous n’avons encore aucune certitude pour les permanences des mois suivants, plusieurs responsables bénévoles ne pouvant prolonger leur engagement.
Vous avez la possibilité de vous libérer pendant un créneau de 2 heures, un matin ou un après-midi ? Chaque semaine ? Une semaine sur 2, sur 3… ?
Vous souhaitez vous investir encore davantage dans le fonctionnement du Collectif ?
Vous avez envie de mieux appréhender les problèmes concrets que le Collectif est amené à résoudre pour aider nos demandeurs d’asile ?
Alors, n’hésitez pas, rejoignez-nous !
Faites un essai : vos premières permanences seront assurées en binôme, et vous permettront de décider, en toute liberté, de la poursuite de votre engagement… ou pas !
Contact : collectifagiraix@gmail.com
Hébergement, Accompagnement
Les bénévoles des pôles hébergement et accompagnement n’ont pas chômé pendant ces dernières semaines. Des déménagements, des emménagements, de nouvelles installations, des médiations, des départs et des arrivées, des urgences…
À ce jour, 67 demandeurs d’asile sont hébergés et pris en charge par le Collectif…
Malgré toute l’énergie déployée, la liste d’attente pour intégrer le Collectif s’est encore allongée : 33 personnes (femmes, hommes, enfants) sont aujourd’hui sans solution de logement et d’accompagnement.
Pendant l’été, deux de nos demandeurs d’asile ont obtenu le statut de réfugiés, quatre ont été déboutés. D’autres sont convoqués pour les semaines à venir, la plupart attendent une convocation…
L’enseignement du FLE (Français Langue Étrangère)
Les cours de FLE ont repris au local, dès le 24 Août. Depuis le début du mois de Septembre, quatre cours hebdomadaires sont proposés : les lundi et mercredi, matin et après-midis. Deux niveaux (débutants et avancés) sont assurés par 14 professeurs bénévoles. Merci et bravo à eux !
La garderie d’enfants au local est essentielle pour que les femmes ou conjointes des demandeurs d’asile puissent, elles aussi, suivre les cours de français,
Hélas, nous manquons, pour quelques créneaux, de bonnes volontés. Il s’agit d’occuper, pendant que leurs mamans suivent les cours, deux ou trois adorables bambins, pleins de joie de vivre…
Ça vous tente ? Merci de nous contacter au plus vite… toujours à la même adresse collectifagiraix@gmail.com.
Pays d’Aigues : FLE et alphabétisation
Les contacts avec les apprenants ont pu être maintenus de façon informelle pendant l’été.
Les cours FLE et alphabétisation reprennent au local la semaine du 7 septembre : FLE deux fois (peut-être trois) par semaine et alphabétisation deux fois par semaine.
La médiathèque a repris contact avec le pôle FLE pour signaler la reprise de leurs actions FLE autour du jeu avec trois ateliers prévus dans les mois à venir.
Le Collectif et la Culture
L’équipe de la commission Culture inventive, créative, passionnée a, elle aussi, été très active. Grâce à eux, nos demandeurs d’asile ont pu se retrouver (formidable succès des pique-niques), visiter des expositions, assister à des concerts, des spectacles de danse, participer à des activités manuelles, lire des textes à voix haute accompagné(e)s d’une comédienne professionnelle, produire des textes sur l’exil qui seront publiés par la Méjanes, suivre un atelier théâtre, etc.
Cerise sur le gâteau, ces activités, proposées dans un cadre détendu et convivial, permettent aussi aux demandeurs d’asile de s’évader par moment de leur quotidien, souvent fait d’angoisses et de peur de l’avenir.
Les autres Pôles et Commissions
Tous les Pôles et Commissions sont en ordre de bataille pour cette rentrée. Une véritable fourmilière !
Le Pôle PREM (recherche d’emploi) travaille d’arrache-pied pour trouver des stages, des emplois aux demandeurs d’asile (quand c’est légalement possible) et aux statutaires. Une aide à la recherche d’emplois (rédaction de CV, présentation devant un recruteur…) est mise en place dès cette rentrée.
La Commission Communication est en ébullition : Assogora, Marche des sans-papiers, Assemblée Générale, Vide Greniers, maintenance du site web du Collectif… Autant d’événements qui demandent un gros travail.
Le Pôle Santé prépare une nouvelle séance de dépistage de la Covid-19, proposée au local pour les demandeurs d’asile et les bénévoles volontaires.
Les formations de deux bénévoles référents ont été assurées, d’autres sont prévues en fonction des demandes. Dès le mois d’Octobre, des séances de formation pour mieux comprendre le fonctionnement du Collectif vont être proposées à tous les bénévoles actifs.
Sans oublier le Président qui préside, la Vice-Présidente qui visse le Président (désolé, rien trouvé d’autre ), la Trésorière qui thésaurise, les Secrétaires qui secrètent, les Services civiques qui servent et tous les bénévoles actifs qui s’activent bénévolement…
Une grande équipe au service d’une belle cause.
Appel à témoignages : « Héberger un migrant, ça a changé ma vie ! »
Un article du Monde du 3 août fait part de témoignages de citoyens « ordinaires » dont la vie avait changé suite à l’accueil, chez eux, de migrants. Télécharger cet article ici.
Dans cet esprit, Agir Infos souhaite donner la parole aux bénévoles du Collectif : quelle que soit votre action au sein du Collectif, nous serions heureux de publier votre témoignage si vous souhaitez le partager. Que vous soyez demandeur d’asile, statutaire, débouté du droit d’asile, bénévole, hébergeur, référent, service civique, stagiaire, donateur… notre journal vous est ouvert !
Si vous acceptez de partager votre expérience, faites-nous parvenir un texte la relatant accompagné éventuellement, d’une ou deux photos. Nous les publierons dans les prochains Agir Infos.
Si votre témoignage implique un demandeur d’asile, son accord est, évidemment, indispensable. Pour préserver l’identité des demandeurs d’asile, seul leur prénom sera utilisé et un floutage des visages sur les photos publiées sera proposé.
Contact ici.
Et puis, vous n’avez pas oublié…
(si les conditions sanitaires le permettent)
Dimanche 27 Septembre
En raison des très fortes contraintes sanitaires, difficiles à mettre en place compte tenu du déroulement d’un vide-grenier, celui-ci est reporté au printemps 2021.
Rappel : Assogora
La journée des Associations, Assogora, aura lieu le Dimanche 13 septembre, de 11h à 18h.
Le Collectif Agir sera présent à l’espace 108, au milieu du Cours Mirabeau.
Vous êtes invité(e)s à venir nous rejoindre, pour rester un moment en accompagnement des bénévoles qui animent le stand, pour les relayer et pour parler d’Agir.
La marche nationale des sans-papiers
Le Collectif participe à l’organisation de la marche nationale des sans-papiers qui passera à Aix le samedi 19 septembre.
VIVRE SANS PAPIERS, C’EST VIVRE SANS DROITS
Sans droit au travail,
sans droits sociaux, sans allocations, sans aides,
sans droit au logement,
sans accès aux soins, si ce n’est les plus urgents,
sans droits à une formation, ni à l’accès aux diplômes.
VIVRE SANS PAPIERS, C’EST VIVRE DANS LA CRAINTE PERPÉTUELLE
Crainte perpétuelle d’être arrêté, envoyé en Centre de rétention, ces prisons qui ne disent pas leur nom, ces lieux de promiscuité, ces lieux indignes.
Crainte perpétuelle d’être expulsé vers un pays qu’on ne connaît plus, vers un pays qu’on a quitté car la vie y était trop misérable, ou trop dangereuse, au prix de terribles dangers.
Les sans-papiers seraient environ 500 000 en France.
Nous demandons leur régularisation, la fermeture des centres de rétention et des hébergements décents pour tous.
PROGRAMME
La Marche partira de Marseille le samedi 19/09 au matin pour arriver à Aix le même jour vers 17 h. À compter de 17 h, regroupement vers les Allées Provençales en présence des associations et des groupes partenaires ; stands, distribution de tracts.
Animation musicale, animation par le Collectif Agir et son groupe de création de marionnettes et masques.
Une prise de parole unique pour l’ensemble des associations : probablement par Patrice Cartier, Président du Collectif.
Après le regroupement, un repas sera fourni pour les marcheurs et pris en commun au local du Secours Catholique, prêté pour l’occasion. Les marcheurs seront hébergés pour la nuit (on recherche activement des bénévoles pour la nuit et le petit déjeuner).
Ils repartiront le dimanche 20/09 en direction de Salon, 2e ville étape, en partie à pieds, en partie à vélos et aussi en voitures.
La marche des sans-papiers, partie des villes de France, convergera vers Paris le 17 octobre 2020 pour faire entendre leurs voix et demander la reconnaissance de leurs droits.
Soutenez-la, participez y nombreux !
Le Samedi 19 septembre, de 17 h à 18 h aux Allées Provençales
La Cimade / Ligue des Droits de l’homme / Collectif AGIR / Secours Catholique Entraide protestante / Réseau Universités sans Frontières / ATTAC
Journée « Tous Acteurs » le 19/09 au Château de La Tour d’Aigues à partir de 12 h
Apéritif d’accueil, et petite restauration au profit d’AGIR : les bénévoles d’AGIR se sont mobilisés pour confectionner des préparations culinaires salées, sucrées pour assurer la restauration du public.
À partir de 14 h : chants, musique, danse, atelier poterie, théâtre, Graff, atelier « Jeux d’autrefois », démonstration Zumba…
Nous vous attendons nombreux !
On parle de nous dans la revue « Carrefour Citoyen de Venelles et du Pays d’Aix »
Le calvaire du « Louise Michel »
Il a fallu attendre de longues heures mais les autorités italiennes ont fini par réagir : samedi 29 août, en fin d’après-midi, les garde-côtes italiens ont accepté de prendre en charge 49 personnes, parmi les plus vulnérables, qui se trouvaient depuis la veille, ou plus, sur le navire Louise Michel.
Depuis la nuit, la situation à bord du bateau, mis à l’eau en août et affrété par le street-artist Banksy, était devenue intenable.
Le Louise Michel est venu ces derniers jours au secours de deux embarcations de migrants en Méditerranée. Suite à deux sauvetages, 219 personnes ont été secourues.
Le navire — et son équipage de 10 personnes — était tellement plein que 33 personnes ont dû être placées dans un radeau de survie accroché au bateau.
« Le navire est à environ 130 km de Lampedusa, le port sûr le plus proche », explique un membre de l’équipe chargé de gérer les opérations depuis la terre ferme.
Samedi, les premiers appels de l’équipage aux autorités italiennes ou maltaises étaient restés lettre morte. Finalement, le Sea Watch 4, affrété par une ONG évangélique allemande en partenariat avec MSF, s’est mis en route pour porter assistance au Louise Michel : dans la journée, 49 personnes « fragiles » ont été évacuées par les gardes-côtes italiens et en soirée, tous les autres ont été transférés sur le Sea-Watch 4.
Marseille ouvre son port – symboliquement – aux migrants naufragés
C’est par tweets, samedi 29 août, que la nouvelle majorité marseillaise a proposé d’ouvrir son port aux bateaux qui secourent des migrants en Méditerranée. L’offre avait très peu de chance d’être acceptée, elle est avant tout symbolique.
La maire, Michèle Rubirola (EELV) a déclaré, le samedi 29 août : « Des gens meurent en Méditerranée. Il est temps de les sauver. Je demande à Emmanuel Macron de nous accompagner et à l’État de prendre ses responsabilités. Marseille, ville d’accueil et solidaire, ouvrira son port. »
Fabienne Lassalle, directrice adjointe de l’ONG SOS Méditerranée, reconnaît que l’annonce est surtout symbolique, mais elle la juge « utile et importante ». Jusqu’alors, dit-elle, « ce sont essentiellement la société civile, les ONG comme la nôtre qui interpellent les États sur leur responsabilité et la nécessaire solidarité avec l’Italie. Je trouve intéressant que des collectivités locales nous aident à faire entendre ce message. »
Le Sea-Watch 4, qui se trouvait alors fort loin du Vieux-Port (un bon millier de kilomètres, à vol d’oiseau) avec plus de 350 personnes à son bord a poliment décliné l’offre.
Il a été autorisé mardi à accoster à Palerme.
Grèce : un camp abritant plus de 12 000 migrants sur l’île de Lesbos dévasté par un incendie
Un énorme incendie ravage, mercredi 9 septembre depuis le petit matin, le camp de Moria, plus grand camp de réfugiés de Grèce qui abrite plus de 12 000 migrants sur l’île de Lesbos.
D’après des médias, l’incendie aurait été déclenché par des migrants qui se sont rebellés contre les mesures d’isolement destinées à empêcher la propagation du coronavirus dans ce camp insalubre et surpeuplé de Moria.
Selon un photographe sur place, « la quasi-totalité du camp est en feu, aussi bien à l’intérieur que les tentes (plus de 3000) qui se trouvent à l’extérieur, dans l’oliveraie ». Des centaines de demandeurs d’asile fuyaient à pied dans la nuit vers le port de Mytilène mais ils ont été bloqués par les véhicules des forces de l’ordre, a-t-il ajouté. D’autres se sont abrités dans les collines environnant le camp, qui hébergeait près de 12 700 demandeurs d’asile, quatre fois sa capacité d’accueil.
La situation du camp illustre l’urgence d’une réforme de la politique migratoire dans l’UE, qui bute depuis des années sur les divisions des Européens. La Commission européenne doit présenter à la fin du mois sa proposition, plusieurs fois repoussée, de « nouveau Pacte sur la migration et l’asile ».
Dans le camp de Moria, à Lesbos, le 9 septembre. MANOLIS LAGOUTARIS / AFP
Dernières nouvelles : l’UE s’est engagée à accueillir 400 mineurs du camp
La chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Emmanuel Macron, ont pris l’initiative d’accueillir 400 mineurs du camp, dans l’espoir que d’autres pays européens allaient suivre leur exemple. « La France sera au rendez-vous de la solidarité concrète », a dit M. Macron, au cours d’une déclaration, entre la réunion de travail et le dîner.
Comme les autres dirigeants, le président français a souligné la nécessité de développer, au niveau européen, une politique migratoire cohérente.
« L’Europe doit passer des paroles de solidarité à une politique de solidarité, a résumé le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis. Nous devons mettre la crise migratoire au cœur de nos priorités et de nos discussions. »
Espérons que les actes seront, un jour, en conformité avec ces belles paroles…
L’« Ocean Viking » bloqué : la solidarité ne se divise pas.
C’est ainsi que le nouveau monde survivra.
Tribune parue dans le Monde, le 31/07 par Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po Paris.
À méditer et partager, si affinités !
« Depuis le 22 juillet l’Ocean Viking, navire sauvetage de SOS Méditerranée, est retenu par les garde-côtes italiens dans un port sicilien. On peut, par la force de la loi, de l’entêtement ou du calcul politicien, bloquer un bateau, mais ceux-là même qui le font ne semblent guère se tracasser du drame humain sous-jacent, de cette interminable chronique qui évoque quelque 20 000 malheureux engloutis depuis 2014 dans la Méditerranée où ils reposeront à tout jamais.
Il est temps, au-delà des horreurs, de regarder la réalité en face, celle qui dérange le sommeil politique de certains et affleure à peine la bonne conscience des autres : nous sommes entrés dans un monde de mobilité, de flux et d’imaginaires mondialisés, un monde dans lequel aucun décret n’empêchera jamais de se déplacer celle ou celui, jeune ou moins jeune, qui rêve à un peu de bonheur ou simplement de survie.
Nous, Européens, avons dépensé des milliards d’euros pour nous “ protéger ” de ces flux, mais nous n’avons jamais réussi à les arrêter, ni par le gré ni par la force. À l’initiative du gouvernement italien, nous avons pactisé avec le gouvernement libyen pour les contraindre à faire demi-tour, à retourner dans un pays présentement soumis aux lois de l’enfer.
Un effort de solidarité de l’Europe
L’Aquarius hier, l’Ocean Viking aujourd’hui, ont veillé à limiter le désastre de ces sinistres traitements où se mêlent l’avidité criminelle des passeurs, l’indifférence souverainiste des États nantis, les dénonciations, les humiliations et tracasseries assénées aux ONG, SOS Méditerranée en particulier. Au moment où chacun cherche son petit coin de Méditerranée pour oublier les drames sanitaires que nous subissons en Europe, il est urgent de penser à celles et ceux qui voyaient dans cette mer les premières frontières de l’espoir et qui risquent chaque jour d’y trouver leur dernière demeure.
Chacun sait aujourd’hui ce qu’urgence veut dire. Il s’agit prioritairement d’arracher sans délai à la mort de nombreux humains en péril, donc de relâcher l’Ocean Viking et lui permettre, quels qu’en soient le prix et la peine, de continuer ce qu’il a fait avec son prédécesseur : sauver plus de trente mille humains, dont 25 % étaient des mineurs.
Il convient d’accéder enfin à la décence, d’arrêter cette cynique audace qui consiste à criminaliser ceux qui épargnent des vies, de mettre fin à ce sinistre procès de non-conformité aux normes, alors que, pendant ce temps, on meurt dans l’anonymat. À juste titre, le gouvernement italien demande un effort de solidarité à l’Europe entière pour l’aider à sortir du drame sanitaire que le pays, comme bien d’autres en Méditerranée, a eu à subir.
Une solidarité qui ne se divise pas
Mais, précisément, la solidarité ne se divise pas : c’est bien ainsi que le nouveau monde survivra. Cette solidarité que chaque Européen doit aux autres Européens aujourd’hui en danger, il la doit également à tous ceux qui vivent non seulement l’angoisse de la migration, mais aussi les affres d’un monde où le pauvre voit le riche et aspire à le rejoindre.
Tel est bien le ressort de cette planète mondialisée où les inégalités globales ont, par la force de la communication, fait irruption dans notre intimité quotidienne et ne la quitteront plus. Il en va de notre dignité, et tout autant, si l’argument peut être utile, de notre tranquillité, car un monde verrouillé, écrasant l’autre du mépris de son indifférence, sera assurément, demain matin, un monde de violence infinie. »
Bien dit, Monsieur, merci !
À notre connaissance, l’Ocean Viking est toujours immobilisé en Sicile par les autorités italiennes… Depuis le 22 juillet !
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