L’apprenti boulanger guinéen de Besançon a été régularisé
Stéphane Ravacley, le boulanger de Besançon en grève de la faim depuis plus d’une semaine pour protester contre l’expulsion de son apprenti guinéen, a assuré jeudi que la situation du jeune homme venait d’être régularisée.
Il avait également lancé une pétition recueillant mardi plus de 220 000 signatures.
La préfecture de la Haute-Saône a confirmé dans un communiqué que le jeune homme avait été « admis au séjour en France après l’examen de nouvelles pièces apportées à son dossier », qui ont notamment permis « d’établir formellement son état civil, en lien avec les autorités consulaires de la République de Guinée ».
La décision de délivrer un titre de séjour à Laye Fodé Traoré, a pris également en compte « son parcours d’intégration jusqu’alors exemplaire » et « ses perspectives d’insertion professionnelle », à savoir une formation complète auprès du boulanger bisontin qui s’est proposé de l’embaucher ensuite.
Pris en charge en France en tant que mineur isolé, Laye Fodé Traoré n’avait pas obtenu de titre de séjour à sa majorité. La préfecture considérait jusqu’à présent que les documents d’identité du jeune homme n’étaient pas authentiques.
Mais leur validation récente par l’ambassade de Guinée, qui « lui a délivré un acte de naissance », et la mobilisation en faveur de Laye Fodé Traoré ont mené la préfecture à revoir sa position.
Très faible après avoir perdu huit kilos, l’artisan a été pris en charge aux urgences mardi après un malaise. Il a annoncé qu’il allait recommencer à s’alimenter normalement…
« L’Odyssée d’Hakim » remporte le prix Franceinfo de la BD d’actualité et de reportage
Dans Agir Infos du 27 novembre, nous vous avions relaté l’aventure d’Eyad, qui vend des produits orientaux sur le marché de Lambesc.
Eyad est le héros de la bande dessinée « L’Odyssée d’Hakim » de Fabien Toulmé qui retrace, en trois volumes, les péripéties du voyage d’Eyad entre la Syrie et la France. Franceinfo vient de couronner cet ouvrage en lui attribuant son prix de la BD d’actualité et de reportage ! Ce formidable témoignage reçoit ainsi une superbe reconnaissance.Espérons que la narration du voyage d’Hakim servira la cause de tous les migrants et permettra à chacun, de mieux accepter la nécessité de notre solidarité… Tous les détails ICI
Des nouvelles de SOS Méditerranée : l’Ocean Viking reprend la mer
Le navire avait été contraint de rester à quai, au port de Porto Empedocle, en Sicile, au cours des cinq derniers mois, après avoir été bloqué par les autorités maritimes italiennes pour des raisons administratives.
« L’inspection des garde-côtes italiens a conduit à la détention de l’Ocean Viking du 22 juillet au 21 décembre. Cela revient à bloquer des ambulances, c’est scandaleux et cynique », peste celle qui a cofondé SOS Méditerranée en 2015 avec le capitaine de porte-conteneurs d’une société allemande, tous deux « choqués » par la fin de l’opération européenne « Mare Nostrum » visant à secourir les migrants en mer.En cause officiellement en Italie : une « nouvelle interprétation » du droit maritime appliquée à tous les navires de sauvetage depuis avril 2020, selon Sophie Beau, directrice de SOS Méditerranée. Cette interprétation impose, étant donné le caractère « répété » des activités de sauvetage, de renforcer la sécurité à bord du navire, qui est désormais certifié pour 286 personnes et non plus 41 après des travaux de réaménagement.L’ Ocean Viking est reparti lundi 11 janvier en Méditerranée centrale, pour porter secours aux embarcations de migrants en détresse.
Après quelque 271 opérations de sauvetage et 31799 personnes secourues en quatre ans, d’abord avec l’ Aquarius, puis avec l’ Ocean Viking, l’association n’a sauvé « que » 903 personnes en 2020. « Ça a été une année très difficile, souffle Sophie Beau.Plus de 20 000 vies ont été englouties en Méditerranée au cours des six dernières années, selon l’OIM. « Notre action n’est pas politique, le fait de secourir des personnes en mer est une obligation légale. Force est de constater que les États européens sont capables de renoncer à cet impératif parce qu’il s’agit de personnes migrantes. Quelle est l’étape suivante ? » conclut Sophie Beau.
Qui est vraiment Sophie Beau, cofondatrice de SOS Méditerranée ?
D’après un article du Monde de Dominique Perrin
Humanitaire « soulagée »
La cofondatrice de SOS Méditerranée a vu l’Ocean Viking reprendre la mer lundi 11 janvier. Sophie Beau, 47 ans, se dit « soulagée » : après une quarantaine de dix jours, l’équipage a quitté le port de Marseille. Le navire de l’ONG avait d’abord été détenu cinq mois en Italie à cause d’« irrégularités techniques ». Le pays exigeait, entre autres, une mise aux normes en fonction du nombre de réfugiés secourus. « On peut imaginer que c’était une manière de nous stopper », critique-t-elle, discrète et entière. L’association a ajouté huit radeaux de survie et effectué d’autres aménagements plus compliqués. Cinq autres navires humanitaires sont toujours bloqués en Italie. En 2020, 1156 personnes sont mortes en mer Méditerranée, selon l’Organisation internationale pour les migrations.
Lobbyiste préoccupée
Sophie Beau est aussi inquiète. « Fin juin, nous sommes restés bloqués onze jours en mer, avec des tentatives de suicide à bord, sans qu’aucun pays n’accepte que nous débarquions. Cela pourrait recommencer. »
Car il n’existe toujours pas d’accord européen pour les débarquements de réfugiés.
Directrice de l’ONG en France, elle mène un travail de lobbying auprès du gouvernement, quand d’autres membres le font en Allemagne et en Italie, pour faire évoluer la situation. En vain.
Passionnée des migrations
Très tôt, elle s’est intéressée aux questions migratoires. Fille d’un médecin et d’une directrice de centre social de quartier, elle étudie à Paris l’anthropologie et les sciences politiques. À 20 ans, elle donne des cours d’alphabétisation dans un foyer africain avant de partir au Mali pour étudier l’impact des migrations sur les projets de développement. Elle travaille dix ans pour Médecins sans frontières et Médecins du monde, puis s’engage dans la lutte contre l’exclusion sociale depuis Marseille, où elle habite.
Grâce à une amie de lycée, elle rencontre en mars 2015 l’Allemand Klaus Vogel, capitaine de marine marchande, choqué par les noyades en mer. Il veut créer une ONG, elle possède le savoir-faire, ils lancent SOS Méditerranée en mai. L’ONG a déjà secouru 31 800 réfugiés naufragés.
Alliée des people engagés
Même si elle reconnaît ne pas être « très branchée people », elle constate que ces figures médiatiques sont indispensables à l’association : « Je trouve un peu choquant que beaucoup des personnes contactées nous répondent que nous sommes trop clivants politiquement. » SOS Méditerranée bénéficie malgré tout d’un comité de soutien qui se respecte, avec les comédiennes Isabelle Adjani et Juliette Binoche, la dessinatrice Pénélope Bagieu, l’ex-footballeur Lilian Thuram… « Les plus engagés, relève Sophie Beau, sont le navigateur François Gabart et l’écrivain Daniel Pennac. »
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