L’actualité de la dernière quinzaine
Témoignage : « J’ai juste voulu défendre les droits des gens »
Le procès de Loan Torondel du 27 mai 2019 illustre la façon dont les défenseurs des droits humains qui viennent en aide aux personnes migrantes sont harcelés et criminalisés. En septembre, ce défenseur des droits des migrants a été condamné pour avoir publié sur Twitter la photographie de policiers se tenant au-dessus d’une des nombreuses personnes régulièrement expulsées des campements informels de Calais.
Lire ici l’article d’Amnesty International.
L’UE accusée de crimes contre l’humanité pour sa politique migratoire
Deux avocats, l’un membre de l’organisation Global Legal Action Network (GLAN) et l’autre ancien assistant du procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), ont déposé lundi 3 juin une plainte auprès de la CPI contre l’Union européenne et ses États membres pour crimes contre l’humanité commis à l’encontre de migrants en Libye. Outre sa volonté délibérée de ne pas porter secours aux migrants en Méditerranée afin de dissuader les migrants de rejoindre l’Europe, l’UE serait responsable, directement et indirectement, de « l’interception et de la détention de 40 000 personnes » en Libye, où elles ont été victimes de meurtres et de tortures, de traitements inhumains et dégradants et de déplacements forcés. La plainte, préparée depuis deux ans, s’appuie principalement sur des déclarations publiques de l’UE et de ses responsables, ainsi que sur des documents internes de l’agence Frontex.
Lire ici l’article du Monde
« Passengers » : une histoire de l’Europe à travers les migrants
12 portraits de migrants
En août 2016, le photographe espagnol César Dezfuli réalise les portraits de 118 migrants secourus en Méditerranée à bord d’un même canot. Trois ans après, « Le Monde » a rencontré 12 d’entre eux.
Au départ, c’est un canot parmi d’autres, secouru au petit matin du 1er août 2016 en Méditerranée centrale par le bateau de l’ONG allemande Jugend Rettet.
Cliquez ici pour lire la suite de cet article du Monde.
Accord UE / Afghanistan
Amnesty International et La Cimade dénoncent une politique d’expulsion qui fait courir des risques graves aux personnes.
Le 11 juin, la Commission des affaires étrangères a examiné le projet de loi autorisant la ratification par la France de l’accord de coopération entre l’Union européenne et la République islamique d’Afghanistan. Amnesty International France et La Cimade dénoncent un dispositif qui va faciliter les renvois forcés de ressortissants afghans.
Depuis 2017, Amnesty France et La Cimade se mobilisent contre les expulsions d’Afghans et alertent sur les risques graves qu’encourent ces personnes renvoyées dans leur pays en guerre ou indirectement vers un pays tiers qui menace à terme de les renvoyer vers l’Afghanistan.
« La situation en Afghanistan est toujours aussi catastrophique pour les civils, et empêche de considérer le pays comme sûr. Dans un tel contexte, les renvois forcés d’Afghans sont illégaux et violent le principe de non refoulement, lequel interdit tout renvoi d’une personne qui l’exposerait à des violations graves de ses droits. Les personnes renvoyées de force en Afghanistan se trouvent en grave danger et souvent en grande précarité sociale, économique et psychologique. En 2018, un jeune Afghan renvoyé par l’Allemagne s’est suicidé dans une chambre d’hôtel à Kaboul. Une autre personne de retour d’Europe a été blessée lors d’une attaque importante à Kaboul, tandis qu’une troisième renvoyée par le Royaume-Uni a été tuée dans sa ville d’origine », a déclaré Lola Schulmann, chargée de plaidoyer à Amnesty International France.
« Près de 900 ressortissants afghans ont été enfermés en centre de rétention en 2018 dont près d’un quart ont été visés par une obligation de quitter le territoire français à destination de Kaboul. Les renvois vers des pays européens tels que l’Allemagne ou l’Autriche font également courir de graves dangers aux personnes afghanes car ces pays procèdent à des renvois vers l’Afghanistan », a déclaré David Rohi de La Cimade.
Malgré des alertes répétées au ministère de l’intérieur sur des cas individuels, celui-ci est jusqu’ici resté sourd aux demandes de nos associations. Amnesty France et La Cimade demandent donc aux députés de la Commission des affaires étrangères de saisir cette opportunité pour appeler le gouvernement à instaurer un moratoire sur les expulsions d’Afghans.
Une action en ligne « Halte aux expulsions vers l’Afghanistan » qui demande un moratoire sur les expulsions d’Afghans a déjà rassemblé près de 82 000 signatures.
Une action twitter lancée le mardi 11 juin invite le public à interpeller les députés sur les risques de la ratification de l’Accord UE-Afghanistan : « Ne ratifiez pas les yeux fermés ! Joignez-vous aux citoyens qui demandent au gouvernement un moratoire sur les expulsions d’Afghans. »
En Italie, un procès lourd de symboles pour l’accueil des réfugiés
Lettre de Mediapart:
Criminalisation. Il était devenu le symbole de l’accueil et d’une politique réussie d’intégration. Domenico Lucano, ancien maire du village italien de Riace, en Calabre, a comparu pour le premier jour de son procès. Il est soupçonné d’« aide à l’immigration clandestine », d’irrégularités dans l’attribution de financements pour le ramassage des ordures, et d’organisation de mariages blancs. Cet homme, dont l’engagement en faveur de l’accueil des migrants remonte à la fin des années 1990, lorsqu’une embarcation de Kurdes a échoué sur une plage à 7 km du village, était dans le viseur des autorités italiennes depuis l’arrivée au ministère de l’intérieur de Matteo Salvini, le tonitruant patron de la Ligue, parti nationaliste et xénophobe. En octobre, il avait été arrêté, suspendu de sa fonction à la tête de la municipalité, puis interdit de résider sur place.
En exil, Domenico Lucano a bénéficié d’un impressionnant mouvement de soutien à travers l’Italie. Manifestations, pétitions, invitations à des conférences… Avec lui, une figure de ralliement de l’opposition à Salvini était en train d’émerger.
Mais aux élections locales qui se sont tenues le même jour que les européennes, sa liste a échoué. Suivant la tendance générale dans le pays, c’est un candidat soutenu par la Ligue qui lui a ravi la place, mettant un point final à trois mandats à la tête de Riace.
Une page se tourne pour le modèle d’intégration qu’incarnait ce village de 2 000 habitants, déserté par ses forces vives parties travailler dans le nord du pays : Lucano avait réussi, au fil des années, à accueillir et à loger dignement de nombreuses personnes originaires d’Afrique noire, qui s’étaient insérées dans le tissu économique local et avaient contribué à la résurgences de savoir-faire artisanaux.
Une page se tourne aussi pour l’engagement auprès des réfugiés. Après la criminalisation des ONG et des citoyens ici et là en Europe, les poursuites judiciaires pesant sur Lucano pourraient bien ouvrir le triste chapitre de la criminalisation des élus.
La France expulse vers l’Érythrée
Le 6 juin 2019, la préfecture des Pyrénées-Orientales a expulsé une personne érythréenne vers Asmara depuis le centre de rétention administrative (CRA) de Toulouse. Il s’agit de la première expulsion par la France vers l’Érythrée, pays où règne l’une des dictatures les plus violentes du monde.
La préfecture des Pyrénées-Orientales a expulsé le 6 juin une personne de nationalité érythréenne vers son pays d’origine. Une expulsion réalisée sous escorte policière via Istanbul. D’après les informations de La Cimade, il s’agirait de la première expulsion réalisée par la France vers l’Érythrée. À ce jour, le ministère de l’intérieur n’a pas répondu à nos sollicitations.
Cette personne a été contrôlée à la frontière espagnole dans un bus en provenance de l’Espagne. Interpellée et privée de liberté, elle a demandé l’asile lors de son enfermement au CRA. Cette demande a été examinée dans l’urgence et par visioconférence. En plus de ces conditions beaucoup plus défavorables que celles prévues pour les personnes en liberté, elle a été privée d’un réel droit au recours. En effet, suite au rejet de sa demande par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), elle a déposé un recours auprès de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Ce recours n’a pas été examiné avant son expulsion vers l’Érythrée.
Compte tenu de la situation politique en Érythrée, le ministère de l’intérieur ne doit prendre aucun risque et renoncer à toute expulsion.
cf. article de la Cimade
Comment le gouvernement veut enrayer la demande d’asile
C’est un bilan que le gouvernement ne veut pas avoir à défendre. La demande d’asile en France est en augmentation constante alors qu’elle diminue depuis trois ans en Europe. Bien que certains outils de la loi asile et immigration de 2018, dite « loi Collomb », viennent à peine d’entrer en vigueur, le gouvernement veut d’ores et déjà mobiliser de nouveaux leviers pour réduire l’« attractivité » de la France et « rendre les abus moins faciles », explique une source au ministère de l’intérieur.
cf. cet article du Monde , ainsi que celui-ci.
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