Le quotidien du Collectif pendant le confinement
La situation sanitaire est désespérément figée : le local ne peut donc toujours pas ouvrir ses portes à tous ceux qui attendent.
Des permanences continuent à être assurées, pour des besoins spécifiques, mais aucune activité en « libre-service » ne peut être proposée.
Les bénévoles continuent à déployer toute leur énergie au profit des demandeurs d’asile :
• Cours de Français personnalisés assurés par téléphone dans le pays d’Aix, en présentiel dans le pays d’Aigues
• Soutien financier pour faire face à des situations de misère
• Suivi des demandeurs dans leurs rapports avec l’OFPRA* et la CNDA* et dans leurs démarches administratives
• Résolution des problèmes de logements, aggravés par le protocole sanitaire et le couvre-feu et entretien des locaux
• Démarchage très actif auprès des organismes et employeurs susceptibles de proposer des stages ou des emplois
• Activités culturelles variées, en tout petits groupes ou à distance…
Les DÉJ’ du Collectif au local !
Porté par Udo, Emma et Gaëlle, un rendez-vous hebdomadaire pour Discuter, Échanger et Jouer !
Pour tenter de vaincre un peu l’isolement des demandeurs d’asile du Collectif, nos trois vaillants intrépides ont concocté un programme qui va remplacer les fameux Petits Déj du Mardi.
Ce DEJ’ nouveau aura lieu les mercredis. Il ne remplira pas les estomacs, protocole sanitaire oblige, mais proposera :
DISCUSSIONS / ÉCHANGES : le matin (10 h 30/12 h), débat, échanges discussions sur des sujets culturels ou d’actualité autour d’une thématique mensuelle
(par exemple les cuisines du monde, les grands noms de la littérature, la géographie, la musique…).
JEUX : l’après-midi (13 h 30/15 h), jeux de société collectifs, puis de 15 h 30 à 16 h 30, atelier Jeu d’échecs (leçons et entraînements) animés par Udo qui pourraient donner lieu à des parties libres et des tournois.
Le respect des restrictions sanitaires sera absolu : seuls 6 participants maximum seront acceptés, avec inscription préalable obligatoire.
Une garderie (assurée par Emma ou Gaëlle) sera disponible sur place pour permettre aux parents de participer.
Et si vous voulez rencontrer les organisateurs en chair… et en os,
Un petit coup d’œil à la feuille de chou N°2 du groupe Lambesc
Le groupe Solidarité Migrants Lambesc et Alentour vient de publier sa feuille de chou N°2. : Nouvelles et brèves de comptoir !
N’hésitez pas à aller y jeter un coup d’œil en cliquant ici.
Un témoignage poignant
Quatre Murs par S.A.
Cette petite histoire se déroule en 2016 dans une prison de la steppe, au milieu de l’Anatolie, où des milliers de prisonniers innocents sont restés innocents.
Les histoires sont complètement réelles. L’histoire se passe toujours en 2021 en Turquie.
Le matin. Il est 8 heures. Quand les gardes ouvrent la lourde porte de fer, vous courez dans la cour et faites la queue. Ils te comptent comme les animaux de l’étable.
« 1, 2, 3, 4, …, 25 fin » dit innocent à la fin. M. les gardes sont heureux d’avoir réussi à compter 25 personnes dans une zone de quinze mètres carrés !
Vous seriez heureux qu’ils n’aient pas amené un autre innocent dans la salle la nuit.
Vous ne pouvez jamais voir le lever du soleil le matin.
Les oiseaux informent que la journée a commencé. Lève la tête et regarde le ciel. Les fils de fer ne permettent pas de voir un ciel nu.
Vous aimeriez aller dormir dans votre lit chaud cette fois.
C’est ce que vous regardez : le mur.
La journée. Quand vous commencez la journée, cette journée est terminée.
Vous voudriez dire qu’un jour de plus est passé. M. les gardes ont déterminé ce que vous ferez pendant la journée. Vous ne pouvez pas tout faire selon votre esprit.
Afin d’extraire les chapelets des graines d’olive, vous les façonnez en les frottant contre les murs. Votre objectif est de rassembler trois ou cinq pièces de tissu et de fabriquer un jouet pour faire plaisir à votre enfant qui vous attend à la maison.
Peut-être attendez-vous que l’eau des bouteilles en plastique se réchauffe au soleil pour laver vos vêtements dans un bol en plastique cassé pendant des jours.
Prendre une douche après un match de volley-ball joué au milieu de la cour avec une corde à linge se fait avec les mêmes bouteilles en plastique.
Après avoir marché pendant des heures au milieu de la cour, le temps passe.
Encore une fois, vous le trouvez : le mur.
Le soir. Il est 8 heures. Les gardes vous compteront encore. Cette fois, les gardes verrouillent la porte en fer de cette étroite cour et quittent la salle.
La plupart du temps, vous serez heureux lorsque vous mangerez un dîner que vous aimez. Vous mangez le chocolat que vous achetez à la cantine pour le dessert.
Certains jours, vous avez hâte de regarder le match de football à la télévision. C’est comme un stade de football.
Certains racontent leur passé comme s’ils étaient sur une scène de théâtre.
Certains essaient de faire quelque chose dans leur lit.
Certains rivalisent pour remplir des seaux d’eau chaude à raison d’une heure par semaine.
Certains n’ont même pas le temps de faire quoi que ce soit, de laver la vaisselle.
Ce sont les quatre éléments de ce qui est expliqué : le mur.
La nuit. Vous ne pouvez pas voir les étoiles et la lune dans le ciel la nuit.
Les lumières de la salle s’éteignent à midi la nuit et un profond silence s’abat sur la salle.
Vous serez heureux lorsque les chiens aboient à l’extérieur.
La plupart du temps, vous avez du mal à vous endormir. Vous tombez dans des pensées et des rêves profonds. Une fois que vous êtes sorti d’ici, vous pensez à ce que vous allez faire, à ce que votre famille fait maintenant.
Vous réfléchissez pendant des heures à une phrase d’un livre que vous lisez.
Parfois tu pleures doucement. Le lit est également l’endroit où vous faites toutes vos actions.
Lorsque vous vous allongez sur votre lit, vous vous sentez comme quelqu’un jeté dans un puits profond et personne n’entend votre voix.
Vous ne pouvez même pas voir la foule autour de vous dans le noir.
Tout ce que vous voyez est ce que vous voyez : le mur.
S.A.
La petite souris et le mur rouge, histoire racontée par S.K. à son fils
Il y a un énorme mur rouge dans le livre et la petite souris se demande toujours pourquoi il est là.
Elle demande au chat : « Chat, tu t’es jamais demandé pourquoi le mur rouge est là ? »
Le chat lui dit que le mur les protège de ce qui est de l’autre côté du mur parce que c’est très dangereux là-bas.
Et la petite souris pose la même question à l’ours.
L’ours lui dit : « Le mur rouge est là depuis longtemps et il est une partie de ma vie. Et en plus je suis très vieux pour me poser cette question. »
La petite souris demande au loup et le loup lui dit « Je m’en fiche. Je ne me pose jamais de question . Tu t’en poses trop, petite souris. Accepte les choses comme elles sont. Tu seras contente comme moi. »
Enfin elle demande au lion et il lui dit : « Il n’y a qu’une grande nuit noire de l’autre côté du mur. »
Soudain un oiseau vient de l’autre côté du mur.
Petite souris lui demande : « Oiseau, tu peux m’amener de l’autre côté du mur ? Je suis très curieuse. »
L’oiseau l’y emmène et la souris n’en croit pas ses yeux. Parce que de l’autre côté du mur elle découvre que c’est très beau et sûr.
Elle dit à l’oiseau qu’elle pensait que l’autre côté du mur c’était très dangereux et noir.
L’oiseau lui dit « Tes amis regardent toujours avec la peur, mais toi tu regardes avec la curiosité.
Écoute Petite souris, il y aura trop de murs dans ta vie mais c’est toi qui va créer la grande majorité d’entre eux.
Si tu penses sans préjugés, ils vont disparaître et tu découvriras beaucoup de beautés. »
Sur le chemin du retour, la souris remarque quelque chose de très bizarre.
Elle demande à l’oiseau : « Où est le grand mur rouge ? » et l’oiseau lui demande : « Quel mur ? »
La petite souris comprend. Ce mur, c’était elle qui l’avait créé elle-même.
C’est un livre pour les enfants. Mais je ne pense pas que ce soit seulement pour eux.
Parce que nous, les adultes, nous avons plus besoin de détruire nos préjugés que les enfants.
C’est nous qui créons la grande majorité d’entre eux dans leurs esprits.
S.K.
Le blog des demandeurs d’asile du Collectif
I/ CAMP DES MILLES : ce sont le silence et l’oubli qui tuent, par Mervé
« Le monde est dangereux à vivre, non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » Albert Einstein
J’ai visité le site du Mémorial du camp des Milles, l’année dernière. J’ai lu beaucoup d’articles et vu des films sur Hitler les juifs et les nazis. Mais je pense que je ne comprenais pas la réalité de l’Histoire.
Pendant la durée de ma visite, j’ai senti des émotions que je n’avais jamais ressenties encore.
Et j’avais l’impression de voyager dans le temps. Lorsque je me promenais, je me suis rendu compte que les gens aiment prendre leur revanche.
Malheureusement les scénarios sont toujours les mêmes : seuls les noms des gens changent. Il y a un dictateur avec ses moutons…
Je ne suis pas triste pour certaines nationalités ou certaines populations.
Je suis triste pour les opprimés. Les opprimés n’ont pas de couleurs ou de signes distinctifs, ils ne sont ni d’hier ni d’aujourd’hui ni de demain.
Les opprimés sont les opprimés.
Nous parlons toujours des discriminations quand elles sont finies.
Si seulement on pouvait parler d’elles au bon moment.
Mervé
II/ La culture et le Covid par Analy
La culture est une partie fondamentale de la société depuis le début de l’homo sapiens.
Les spectacles culturels donnent la tranquillité, la bonne énergie et du bonheur à la population en plus de l’impact économique dans les sociétés modernes.
Malheureusement, la Covid19 a frappé durement la culture. Mais grâce à la technologie les artistes comme le public en général pensent que la culture a trouvé une
fenêtre pour se montrer, pour continuer en proposant l’art à tous.
Il est temps que la technologie et la culture marchent ensemble pour maintenir ces espaces au sein de l’économie de chaque pays, mais aussi pour évoluer avec le monde.
Il est temps pour la culture de prendre la technologie comme un outil pour s’étendre à tous les niveaux et dans tous les espaces.
Il est le temps de reconnaître vraiment la valeur de la culture tant au niveau individuel, social et global parce qu’elle est ce qui nous caractérise et nous transcende dans le temps.
Analy
Un message de la LDH d’Aix en Provence
La LDH-Pays d’Aix-en-Provence vous invite à participer au Cercle de Silence
Samedi 13 février aux Allées Provençales
Il y a deux mois, le journal télévisé de France 2 nous montrait Jean Le Cam, sauveteur de Kevin Escoffier, en train de filmer l’approche d’une frégate de la Marine nationale venant récupérer celui qu’il avait recueilli à son bord en vue d’une périlleuse opération de transfert en plein sud de l’océan Indien.
Bravo la Marine qui n’hésite pas à naviguer trois longues journées, à toute allure depuis l’île de la Réunion, pour cette belle opération de secours en mer.
Une chance, Kevin est un bon Breton bien Français !
François Gabart, vainqueur du Vendée Globe en 2012, engagé auprès de SOS Méditerranée, s’étonne d’une différence de traitement qui choque :
« C’est important ce qui s’est passé sur cette édition, tout le monde en est très fier. Jean Le Cam a même reçu les félicitations d’Emmanuel Macron. Mais c’est aussi un peu dur à entendre, quand on sait que [les] associations qui sauvent des gens sont très souvent freinées, et pas soutenues par le chef de l’État. »
Quand on sait aussi que plus de 20 000 personnes sont mortes noyées en Méditerranée depuis 2014 (chiffre CCFD), quand on sait encore que Frontex est le sinistre dispositif de l’UE chargé d’édifier l’Europe forteresse pour empêcher les exilés de pénétrer sur nos terres, quand on sait que ce même bras armé, non content de « protéger » les frontières, refoule carrément les frêles embarcations que les passeurs abandonnent en pleine mer, laissant les malheureux passagers périr ou se retrouver aux mains des esclavagistes libyens.
Alarm Phone (Alarmphone n° d’alerte pour les migrants en détresse en Méditerranée) nous rappelle à ce sujet le drame qui s’est produit le 9 février 2020, drame où 91 migrants ont disparu après avoir été l’objet de ce que l’on peut qualifier sans hésiter d’action délibérée de non assistance de la part de Frontex.
Le lien suivant est activé depuis le mardi 9 février 2021 : commémoration-91-people
Ces étrangers qui demandaient de l’aide et n’ont obtenu que le dédain n’auront pas de sépulture… Il en sera peut-être autrement pour les 300 migrants qui sont morts dans les deux dernières décennies en voulant traverser la Manche car, à Calais, selon un reportage de la Croix du 21 janvier 2021, un groupe de militants associatifs (Utopia, Secours catholique, Médecins du monde, etc.) se mobilise dans un travail de mémoire pour qu’on mette un nom sur leurs tombes…
Nous comptons sur vous samedi prochain 13 février pour exprimer en silence notre solidarité avec tous les exilés dont les droits fondamentaux sont bafoués, de 11 h 30 à midi, place de la Rotonde à l’orée des Allées Provençales. Nous vous signalons que nous avons obtenu pour ce cercle, et après démarche en bonne et due forme, l’accord de la Sous-préfecture.
L’odyssée de l’Ocean Viking
797, c’est le nombre de vies secourues par les équipes de l’Ocean Viking depuis que le navire a pu reprendre ses opérations de sauvetage après cinq longs mois de blocage par les autorités maritimes italiennes.
En ce début d’année, les besoins sont immenses : rien que la semaine dernière, plus d’un millier de personnes auraient fui la Libye par la mer.
Les 4 et 5 février, comme un peu plus tôt en janvier, le fil twitter de l’association s’emballe : 121, 116, 70, 116 vies arrachées à la Méditerranée.
Les chiffres donnent le tournis mais ne disent rien des visages, des histoires qui se cachent derrière.
À terre, la mobilisation ne faiblit pas pour faire part de son indignation, pour rappeler qu’il faut secourir toute personne en détresse en mer, que ce soit sur la route du Vendée Globe ou dans le canal de Sicile. Une trentaine de collectivités locales en appellent à la responsabilité des États et s’unissent en rejoignant une plateforme de soutien à SOS MEDITERRANEE.
Lire le journal de bord, en cliquant ici.
Procédure « Dublin » : où en est-on ?
La procédure dite « Dublin III » est appliquée depuis 2013 et reste encore en vigueur à ce jour.
Cependant, face aux très grandes difficultés rencontrées à la fois par les migrants et les pays d’accueil, face aussi aux divergences de points de vue entre les différents pays signataires, la Commission Européenne a proposé, le 23 septembre 2020 un nouveau pacte pour réglementer l’accueil des migrants.
Ce pacte – qui n’en est pour l’instant qu’au stade de plan dans l’attente de la validation des 27 pays de l’Union européenne – comporte plusieurs changements de taille par rapport à l’actuelle politique migratoire européenne.
LA SITUATION ACTUELLE
I/ « Dublin III », les grandes lignes
Une personne « dublinée » est soumise au règlement européen de 2013 dit « Dublin III ».
Le règlement Dublin III concerne les personnes ayant fait une demande d’asile dans l’un des 28 pays de l’Union Européenne, ou dans un des quatre pays associés (Islande, Liechtenstein, Norvège, Suisse).
Un demandeur d’asile est généralement désigné comme « dubliné » lorsque ses empreintes ont été enregistrées dans un pays (et placées dans la base de données européenne Eurodac) mais qu’il dépose une demande d’asile dans un autre pays européen.
En 2019, 45 907 personnes adultes ont été « dublinées ».
En France, un demandeur d’asile doit d’abord s’enregistrer à la préfecture, qui consulte Eurodac pour déterminer si un autre pays est responsable. Si c’est le cas, le migrant est placé en « procédure Dublin », c’est-à-dire en position de transfert vers l’État compétent, si celui-ci donne son accord.
II/ Pourquoi le règlement de Dublin dysfonctionne ?
Les failles ont toujours existé mais ont été révélées par la crise migratoire de 2015.
• Face à l’afflux de réfugiés ces dernières années, les pays dotés de frontières extérieures, comme la Grèce et l’Italie, se sont estimés abandonnés par le reste de l’Europe.
• Sa mise en application est aussi difficile à mettre en place. La France et l’Allemagne, qui concentrent la majorité des demandes d’asile depuis le début des années 2000, peinent à renvoyer les dublinés. Dans l’Hexagone, seulement 11,5 % ont été transférés dans le pays d’entrée. Outre-Rhin, le taux ne dépasse pas les 15 %.
Conséquence : nombre d’entre eux restent « bloqués » dans les camps de migrants à Calais ou dans le nord de Paris.
• Le délai d’attente pour les demandeurs d’asile est aussi jugé trop long. Un réfugié passé par l’Italie, qui vient déposer une demande d’asile en France, peut attendre jusqu’à 18 mois avant d’avoir un retour.
Sept ans après avoir vu le jour, le règlement s’est vu porter le coup de grâce par le confinement lié aux conditions sanitaires pour lutter contre le Covid-19.
« Durant cette période, aucun transfert n’a eu lieu », assure-t-on à la CIMADE*.
III/ Le mécanisme de solidarité peut-il le remplacer ?
« Il y aura un nouveau mécanisme fort de solidarité », a promis Ursula von der Leyen, sans donner plus de précision. Sur ce point, on sait déjà que les positions divergent, voire s’opposent, entre les Vingt-Sept.
Le bloc du nord-ouest (Allemagne, France, Autriche, Benelux) reste ancré sur le principe actuel de responsabilité, mais accepte de l’accompagner d’un mécanisme de solidarité.
En revanche, le groupe dit de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie), peu enclin à l’accueil, rejette catégoriquement tout principe de solidarité.
Quant au bloc Méditerranée (Grèce, Italie, Malte, Chypre, Espagne), des questions subsistent sur la proposition du bloc nord-ouest : le mécanisme de solidarité sera-t-il activé de façon permanente ou exceptionnelle ? Quelles populations sont éligibles au droit d’asile ? Et qui est responsable du retour ?
IV/ Et le mécanisme par répartition ?
Le mécanisme par répartition, dans les tuyaux depuis 2016, revient régulièrement sur la table des négociations. Son principe : la capacité d’accueil du pays dépend de ses poids démographique et économique. Elle serait de 30 % pour l’Allemagne, contre un tiers des demandes aujourd’hui, et 20 % pour la France, qui en recense 18 %.
Ce serait une option gagnante pour ces deux pays, mais pas pour le bloc du Visegrad qui s’y oppose.
Cette doctrine reposerait sur un système informatisé, qui recenserait dans une seule base toutes les données des demandeurs d’asile.
V/ Quelles chances pour une refonte ?
L’Union européenne a déjà tenté plusieurs fois de réformer ce serpent de mer. Un texte dit « Dublin IV » était déjà dans les tuyaux depuis 2016, en proposant par exemple que la responsabilité du premier État d’accueil soit définitive, mais il a été enterré face aux dissensions internes.
CE QUI EST PROPOSÉ
La Commission Européenne a présenté, mercredi 23 septembre, un nouveau « Pacte européen sur la migration et l’asile » pour trouver « des solutions pérennes » à la situation des migrants en Europe.
En voici les principales propositions :
• La fin de Dublin III
Premier élément important, le plan révise le principe consistant à confier au premier pays d’entrée d’un migrant dans l’UE la responsabilité de traiter sa demande d’asile. Autrement dit, il prévoit la fin du règlement de Dublin.
Selon la proposition de la Commission, le pays responsable de la demande d’asile pourra être celui dans lequel un migrant a un frère ou une sœur, dans lequel il a travaillé ou fait ses études. Cela pourra aussi être celui qui a délivré un visa à un migrant. Sinon, les pays de première arrivée resteront chargés de la demande.
• Un « mécanisme de solidarité obligatoire » accessible pour les pays sous « pression » migratoire
Si un pays est soumis à une « pression » migratoire, et estime ne pas pouvoir assumer la prise en charge des migrants, il peut demander l’activation d’un « mécanisme de solidarité obligatoire », qui doit être décidée par la Commission. Dans ce cas, l’exécutif européen évalue le nombre de migrants à prendre en charge et tous les États sont mis à contribution, en fonction de leur poids économique et de leur population.
Ces pays ont alors le choix entre accueillir des demandeurs d’asile, « parrainer » le renvoi dans leurs pays de migrants n’ayant pas le droit de rester dans l’UE, ou aider à la construction de centres d’accueil notamment.
• Des contrôles renforcés aux frontières extérieures de l’UE
À l’extérieur de l’Europe, les contrôles seront plus stricts.
« Dans ce nouveau système, il y aura des nouveaux contrôles obligatoires sur toutes les frontières (…). Toutes les arrivées seront soumises à de rigoureux contrôles de sécurité sanitaire et de vérification d’identité, ce qui permettra de rediriger immédiatement les personnes vers la procédure appropriée », a détaillé le vice-président de la Commission européenne M. Schinas.
• Un traitement accéléré pour les migrants « peu susceptibles » d’obtenir une protection
Est également prévu un processus accéléré pour écarter plus rapidement les migrants qui sont peu susceptibles d’obtenir une protection internationale, a annoncé la Commission. Il s’agit de ceux venant des pays ayant un taux de réponse positive aux demandes d’asile inférieur à 20 %, comme la Tunisie ou le Maroc. Pour ceux-là, le traitement de la demande d’asile se ferait à la frontière et dans un délai de 12 semaines.
• Des renvois « plus efficaces » et à la charge des pays qui refusent les demandeurs d’asile
L’UE vise « une efficacité accrue dans les retours » des migrants illégaux vers leur pays d’origine, via notamment la nomination d’un coordinateur et une « intensification des négociations » avec les États d’origine.
Afin de contourner le refus persistant de plusieurs pays, notamment ceux du groupe de Visegrad d’accueillir des migrants, le plan prévoit par ailleurs que les pays de l’UE qui ne veulent pas prendre des demandeurs d’asile en cas d’afflux devront participer au renvoi des déboutés du droit d’asile depuis le pays européen où ils sont arrivés vers leur État d’origine.
Par ailleurs, si un État échoue à renvoyer des migrants dans leur pays d’origine dans les huit mois, il doit les accueillir.
• Les navires humanitaires de sauvetage en mer à l’abri de la justice
Un mécanisme de solidarité est aussi prévu concernant les sauvetages effectués par les navires humanitaires. Le plan propose de mettre à l’abri des poursuites judiciaires les ONG sauvant des migrants en mer.
Ces différentes propositions ne sont pas encore entrées en vigueur mais ce plan apparaît comme le fruit de longs mois de discussions entre les 27 États membres de l’Union européenne, habitués aux désaccords sur l’épineuse question de la migration.
D’après Le Monde, InfoMigrants, La Cimade
Pour toutes les infos internationales concernant les migrants,
InfoMigrants, évidemment !
Petit lexique pour les « nuls »
Une première approche du labyrinthe kafkaïen auquel est confronté un demandeur d’asile…
OFPRA : Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides.
Il exerce trois missions essentielles :
• Une mission d’instruction des demandes de protection internationale sur la base des conventions de Genève du 28 juillet 1951 et de New York du 28 septembre 1954.
• Une mission de protection juridique et administrative à l’égard des réfugiés statutaires, des apatrides statutaires et des bénéficiaires de la protection subsidiaire.
• Une mission de conseil dans le cadre de la procédure de l’asile à la frontière. Il rend un avis au ministre de l’intérieur sur le caractère manifestement fondé ou non d’une demande d’autorisation d’entrée sur le territoire français au titre de l’asile.
CNDA : Cour Nationale du Droit d’Asile.
Elle est compétente pour juger les recours formés contre les décisions de l’OFPRA.
À ce titre, elle peut :
• refuser le bénéfice de l’asile lors d’une demande initiale ou lors d’une demande de réexamen,
• accorder le bénéfice de la protection subsidiaire et refusant la reconnaissance de la qualité de réfugié,
• retirer ou mettre fin au bénéfice de l’asile,
• refuser d’enregistrer une demande d’asile
OFII : Office Français de l’Immigration et de l’Intégration
C’est l’opérateur principal de la direction générale des étrangers en France (DGEF) qui conçoit et pilote les politiques d’immigration et d’intégration en France.
Il a pour mission de participer à toutes actions administratives, sanitaires et sociales relatives :
• à l’entrée et au séjour d’une durée inférieure ou égale à trois mois des étrangers ;
• à l’accueil des demandeurs d’asile ;
• à l’installation en France, au titre du regroupement familial, du mariage avec un Français ou en vue d’y effectuer un travail salarié, d’étrangers ressortissants de pays tiers à l’Union européenne ;
• au contrôle médical des étrangers admis à séjourner en France pour une durée supérieure à trois mois ;
• au retour et à la réinsertion des étrangers dans leur pays d’origine ;
• à l’intégration en France des étrangers en situation régulière pendant leurs premières années de séjour par la mise en œuvre des dispositifs d’apprentissage de la langue française adaptés à leurs besoins et une formation civique organisée sur quatre journées.
CADA : Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile
Les CADA offrent aux demandeurs d’asile un lieu d’accueil pour toute la durée de l’étude de leur dossier de demande de statut de réfugié. Cet accueil prévoit leur hébergement, ainsi qu’un suivi administratif (accompagnement de la procédure de demande d’asile), un suivi social (accès aux soins, scolarisation des enfants, etc.) et une aide financière alimentaire.
Les CADA sont en général gérés par des associations ou des entreprises.
Il y en a 13 dans les Bouches du Rhône.
SPADA : Structure de Premier Accueil pour Demandeurs d’Asile
Selon les régions, les autorités françaises ont mis en place des Structures de Premier Accueil pour Demandeurs d’Asile (anciennement PRADA ou PADA) pour ceux qui ne sont pas pris en charge dans un dispositif d’hébergement dédié (CADA) pour être accompagnés dans leur démarche d’asile.
Elles assurent 8 missions définies par l’OFII dans un cahier des charges qui va de la domiciliation à un accompagnement pour le dépôt à l’OFPRA (21 jours) et aux droits sociaux.
Le champ des aides s’est considérablement réduit année après année et n’est en rien comparable à l’accompagnement proposé en CADA (plus complet et personnalisé).
GUDA : Guichet Unique pour Demandeurs d’Asile
La réforme de novembre 2016 a instauré des guichets uniques pour demandeurs d’asile (GUDA), des lieux où sont réunis les services de la préfecture et de l’OFII.
Pour introduire sa demande d’asile, il est impossible de s’y rendre directement sans rendez-vous. Il est donc indispensable de passer en amont par un SPADA afin d’être muni d’une convocation pour le GUDA. Cette convocation propose un rendez-vous sous 3 à 10 jours maximum.
La préfecture reçoit la personne qui présente des photos, les indications relatives à son itinéraire et son état civil. La préfecture doit enregistrer la demande et procède au relevé d’empreintes sur la borne dite « Eurodac ».
L’OFII reçoit ensuite la personne en entretien, lui propose d’accepter une offre de principe de prise en charge et peut lui proposer un hébergement et une allocation.
Il détecte aussi les situations de vulnérabilité.
L’OFII transmet ces informations à l’OFPRA.
Le prochain numéro paraîtra courant mars.
Ce recueil d’informations est, bien évidemment, libre de tout droit.
N’hésitez-pas à le diffuser largement autour de vous !
Responsable de la publication : Alain WEILL
Pour toute remarque, question, suggestion, ou même encouragement, une seule adresse :
collectifagiraix@gmail.com
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