En juillet et août, pas de vacances pour le Collectif.
Et, dès le début du mois de septembre, reprise des activités.
Grâce à un petit groupe de bénévoles, des permanences au local ont pu être assurées les mardis et jeudis de juillet et d’août : contacts avec de nouveaux demandeurs d’asile, permanence financière, relève et distribution du courrier, etc.
Parallèlement, les « Rendez-vous au Parc » ont continué à apporter à tous les demandeurs d’asile, pour lesquels la trêve estivale est interminable et anxiogène, de chaleureux moments de rencontre et de partage, pétanque, musique…
Un grand merci et de formidables bravos à tous ceux qui sont restés mobilisés pendant ces deux mois.
La rentrée pointe son nez dès le début du mois de septembre :
- les permanences au local vont retrouver un rythme régulier (Lundi AM, Mardi M, Jeudi AM, Vendredi AM),
- les cours de FLE vont reprendre,
- les Mardi AM, des activités ludiques seront proposées au local,
- les activités du pôle Culture vont permettre à chacun de se retrouver autour de magnifiques projets.
Consignes sanitaires
- L’accès au local restera toujours disponible pour les plus fragiles : ils seront accueillis même s’ils n’ont pas de pass sanitaire, ils devront utiliser masque et gel désinfectant mis à leur disposition avant tout contact avec la personne qui les accueillera. Un test PCR et une vaccination leur seront proposés prioritairement.
- En revanche, pour les utilisateurs habituels du local (bénévoles, demandeurs d’asile, réfugiés) le pass sanitaire sera exigible, pour assurer à tous une protection maximale.
L’Assemblée Générale a élu le nouveau Conseil d’Administration
Vous avez dû recevoir le compte-rendu de l’AG.
Les membres du Conseil d’Administration ont élu, à la suite de leur désignation par l’AG, le nouveau bureau du Collectif pour l’année 2021-2022 :
Président : Patrice Cartier
Vice-présidente : Marie-Odile Dupon
Secrétaire : Philippe Maigne
Trésorière : Roseline Arnaud-Kantor
Membres : Martine Barathon, Michel Croc et Alain Weill
Le vide-grenier aura lieu le 19 septembre à la salle des Platanes.
Enfin, nous allons pouvoir organiser notre vide-grenier !
Si vous êtes dépositaire d’objets destinés au vide-grenier, merci de bien vouloir prendre rendez-vous avec Roseline entre le 10 et le 16 septembre, par téléphone au 06 61 21 57 11, pour organiser un dépôt, chez elle, des objets que vous détenez.
La vente aura lieu le 19 septembre, de 9 heures à 16 heures
à la Salle des Fêtes Roger Baudun
Rue de l’École
Les Platanes
13080 Aix en Provence
Un grand merci pour votre patience et votre collaboration !
Le Collectif sera présent à la journée des Associations de Pertuis et à l’ASSOGORA d’Aix
Le Collectif sera présent à la Fête des Associations de Pertuis, à l’école Marsily le
Samedi 11 septembre à partir de 9h30.
Comme chaque année, le Salon de la Vie Associative, Sportive et du Bénévolat d’Aix-en-Provence, qui réunit plus de 400 associations, se tiendra sur le Cours Mirabeau.
Le Collectif tiendra un stand
le Dimanche 12 septembre 2021.
Ne manquez pas de passer rencontrer les bénévoles qui pourront répondre à toutes vos questions.
Le Collectif a besoin de bénévoles pour assurer des permanences à son local.
Nous avons, encore une fois, besoin de vous !
Nous manquons de bonnes volontés pour assurer, quelques demi-journées par mois, une permanence d’accueil au local.
Assurer une permanence, c’est répondre aux appels téléphoniques et recevoir les personnes qui se présentent, principalement des demandeurs d’asile.
Les permanences sont souvent assurées en binôme.
Bien évidemment, des périodes de formation à cette mission essentielle seront proposées à tout bénévole souhaitant intégrer l’équipe.
N’hésitez pas à nous contacter pour davantage d’informations et/ou pour nous apporter votre aide en cliquant ICI.
Un magnifique livre-disque, relatant l’odyssée d’un jeune garçon obligé de quitter son pays
Certains connaissent déjà l’association « Terre de chansons », d’autres seulement les chansons de Daniel Beaume, d’autres le projet en cours autour des 40 ans du disque « Les chansons des Quartiers Nord brisent la glace » et la participation de l’assocation, à cette occasion, à la « Faites de la Fraternité » au théâtre Toursky à Marseille du 13 au 15 mai 2022.
Un livre disque est en cours de réalisation.
À cette occasion un travail important a été entrepris depuis 2 ans par des professeurs et leurs classes du collège de Fuveau sur les migrants avec Daniel Beaume. Le collectif Agir a été invité à y intervenir, tout comme SOS Méditerranée et deux demandeurs d’asile accompagnés par le Collectif Agir.
Patrice, président du Collectif, témoigne de son admiration et apporte, au nom du Collectif, son soutien enthousiaste à ce projet : « J’ai été très impressionné par l’intérêt que ces élèves portaient à ce sujet et je suis persuadé que ce travail auprès des jeunes est un bon relais pour faire changer le regard porté sur les migrants. »
Écoutons Daniel Beaume, auteur compositeur :
« Aux amis proches et lointains, à toute personne qui aime partager musiques et convictions : parution du livre-disque “ On n’arrête pas les oiseaux ! ”.
On est toujours émerveillé de voir à quel point les jeunes, enfants et adolescents, peuvent s’investir et donner le meilleur d’eux-mêmes quand ils ont l’occasion de s’exprimer dans un projet artistique. C’est tout l’enjeu de l’œuvre que j’ai écrite et composée, intitulée “ On n’arrête pas les oiseaux / l’odyssée de Tibo ” : un jeune comme eux se voit contraint à quitter son pays… Son parcours, semé d’épreuves qu’il arrive à surmonter, est raconté dans une suite de 17 chansons harmonisées.
Le spectacle “ On n’arrête pas les oiseaux ! ”, prévu en concert à Aix-en-Provence courant 2022, a donné naissance, grâce à l’association Terre de Chansons, à un livre doublé d’un CD. Vous trouverez une présentation détaillée de ce livre-disque “ On n’arrête pas les oiseaux ! ” en cliquant ICI .
En souscrivant soit sur le site Helloasso, soit par le bon de souscription-papier disponible en cliquant ICI, vous apporterez une contribution essentielle à la sortie de ce livre-disque, et vous pourrez apprécier, musique, textes et photos à l’appui, à quel point les acteurs du projet y ont mis tout leur cœur… »
Date limite des contributions sur Helloasso : 20 septembre
Merci pour votre soutien.
À Briançon, le nouveau refuge s’est installé dans ses locaux
Depuis mercredi 25 août, le Refuge Solidaire, lieu d’hébergement d’urgence destiné aux migrants venant de passer la frontière entre l’Italie et la France, a investi un nouveau bâtiment, dans le nord de Briançon.
Les recherches d’un nouveau site étaient en cours depuis de longs mois, après que la nouvelle municipalité menée par Arnaud Murgia (LR), a annoncé, en août 2020, qu’il n’y aurait pas de renouvellement de la convention d’occupation.
Installé dans le bâtiment d’une ancienne clinique, le nouveau site rebaptisé les Terrasses solidaires est plus grand, plus confortable et entièrement rénové.
D’une surface de 1 600 mètres carré, répartis sur cinq étages, le centre n’occupe pour l’instant que la moitié de l’espace disponible. Le reste nécessite d’importants travaux.
Le 31 août, 80 migrants étaient logés aux Terrasses solidaires, pour une capacité initiale de 50 places.
Ces derniers mois, les humanitaires observent une nette augmentation des arrivées dans la région. « On bat des records d’accueil depuis l’ouverture du centre », en 2017, alerte un membre de Refuges solidaires. Ce dernier constate également un changement de profil des migrants : jusque-là, les bénévoles voyaient arriver une majorité d’Africains subsahariens, mais depuis quelques mois, de plus en plus d’Afghans empruntent aussi cette route.
Le nouveau centre n’a pas vocation à devenir un lieu d’hébergement.
Sur le même modèle que l’ancien, l’accueil y est inconditionnel et de courte durée, « 90 % des personnes passées par nos locaux restent moins de trois jours », indique Philippe Wyon, administrateur de l’association Refuges Solidaires, gestionnaire de la structure, précisant que depuis son ouverture, il y a quatre ans, près de 15 000 personnes ont été accueillies au Refuge.
D’après un article de Leslie Carretero, publié par Info MIgrants
Soutenez l’action de la CIMADE pour protéger la vie des Afghanes et des Afghans
La prise de pouvoir des talibans a plongé l’Afghanistan dans le chaos.
Des milliers de civil·e·s cherchent à fuir le pays craignant pour leur vie.
Et la France continue de transférer des demandeurs et demandeuses d’asile afghan·e·s vers d’autres États européens alors qu’il existe un risque de renvoi forcé vers l’Afghanistan.
Nous devons agir !
Asile en France : la protection des Afghans menacée
La CNDA a été invitée à ne plus délivrer de protection subsidiaire aux Afghanes et Afghans qui demandent l’asile en France, au motif qu’il est désormais « permis de conclure à la cessation du conflit armé ayant opposé les talibans au gouvernement du président Ashraf Ghani, aujourd’hui en exil aux Émirats arabes unis. À cet égard, les deux attentats revendiqués par l’organisation État islamique le jeudi 26 août ne remettent pas en cause cet état de fait ».
Par ailleurs, la grande formation de la CNDA, réunie en novembre 2020 a mis fin à la jurisprudence dite « Kaboul », en vigueur depuis 2018, qui permettait d’accorder une protection quasi systématique aux demandeurs d’asile afghans en raison de la violence aveugle régnant à Kaboul, ville par laquelle ils doivent passer s’ils sont déboutés et reconduits dans leur pays.
De l’annulation de cette jurisprudence au risque de suppression de la protection subsidiaire pour les Afghans sous prétexte de « fin de conflit armé » malgré le contexte actuel, les décisions de la CNDA laissent deviner un durcissement bien en accord avec la première préoccupation du président de la République E. Macron après la prise de Kaboul par les talibans d’« anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants »…
D’après un article de Yasmine Sellami dans Médiapart
Un rappel très complet de toute l’actualité concernant les migrants, par Michel Girard, qui a pris le relais d’Alain Richard, le frère Franciscain à l’origine des Cercles de Silence.
Cliquez ICI…
Consultez Info Migrants pour toutes les infos internationales concernant les migrants
Un témoignage essentiel à propos de l’assassinat en Vendée du père Olivier Maire
Par Cécile Murray, le 10 août 2021
Témoignage que je viens de rédiger. Je ne peux plus me taire.
Je suis choquée d’apprendre le meurtre d’un homme, qui était prêtre et qui tendait la main aux personnes dans le besoin.
Je veux lui dire merci.
Je suis bouleversée pour cet homme qui a tendu la main à Emmanuel.
Et je suis bouleversée parce que Emmanuel, le suspect, était mon élève et mon ami depuis 2013.
Et pour cette raison, je ressens vraiment le besoin en lisant tout ce qu’il se dit sur les réseaux de donner mon témoignage, qui j’espère clarifiera et aidera à mieux comprendre cette tragique situation.
Peut être pourra-t-il aider à ne pas juger trop vite…
Je ne crois pas, comme beaucoup le déclarent, qu’il s’agisse d’un incident terroriste ou radical.
Madame Le Pen, NON, ne faites pas l’erreur de vous emparer trop vite de cette histoire tragique.
Car cette histoire nous ramène bien avant l’incendie, bien avant ce meurtre terrible.
J’avais 24 ans lorsque j’ai connu Emmanuel. Aujourd’hui j’en ai 32.
Emmanuel a mangé à notre table, nous avons été au musée ensemble, plusieurs fois je l’ai conduit ici ou là en voiture, seule, parce qu’Emmanuel était un homme bon et doux, profondément respectueux, avec lequel on se sentait en sécurité. Il a offert à la naissance de mon premier fils une peluche que nous avons toujours. Il a joué avec mes enfants.
Il a été hébergé par des membres de ma famille plusieurs mois, lorsqu’il n’avait nulle part où aller. Il était discret, gentil, était aimé de tous. Bref, vous l’avez compris, je connais bien cet homme.
Il avait la confiance de beaucoup de personnes, avant l’incendie à la cathédrale. Il était bénévole, tous le décrivaient comme calme, paisible, plutôt timide et discret. Il bégayait un peu. De tous les réfugiés que je connais (et on emploie le terme « réfugié » à tort parce que justement, il ne l’était pas), il était celui que j’aurais placé en dernier sur la liste de ceux qui pourraient un jour faire du mal à autrui.
Je précise, avec regret mais je m’y sens forcée vu les commentaires lus aujourd’hui, qu’il n’était pas musulman. Il était chrétien, catholique.
Et il s’est beaucoup investi bénévolement au service de l’Église Catholique.
En 2013 j’ai lu en long et en large les documents qu’il a reçus où sa demande d’asile était refusée. Nous étions assis dans ma salle à manger, je lisais en silence le courrier de l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides), essayant de rester calme.
Emmanuel pleurait, impuissant.
Dans ce dossier, il y avait la transcription de son interview à l’OFPRA, et donc de son histoire. J’ai tout lu en ravalant mes larmes et j’ai attendu qu’il reparte de chez moi pour m’effondrer. C’était la première fois que je lisais les détails de son histoire. Je me demandais comment il pouvait tenir si calmement, sans suivi psychiatrique après ces horreurs. Il me faudrait, si je traversais ça, un suivi psychiatrique de plusieurs années pour m’en remettre !
Non seulement il avait besoin d’un suivi psy, comme de nombreux demandeurs d’asile d’ailleurs, qui vivent hantés par leurs souvenirs et les traumas… mais en plus, puisque le refus de l’OFPRA doit toujours être argumenté, on lui disait que son histoire n’était pas la vérité. On remettait en question la véracité des documents qu’il avait fournis, par exemple. Tant de personnes vivent ça. Ça serait tellement plus sain pour ceux qui racontent la vérité d’entendre qu’on ne peut pas accueillir davantage de personnes en France. S’entendre dire qu’on ment n’est pas facile pour tout le monde.
J’ai vu ce jour là commencer pour cet homme qui avait déjà vécu la torture (au premier degré) une torture psychologique. L’angoisse, la peur, le sentiment d’injustice. Ce dossier est confidentiel et j’espère qu’un jour il sera relu, afin qu’on puisse réaliser non seulement l’horreur que cet homme a traversé, mais aussi la brutalité et l’indifférence avec laquelle on répond à une personne sur un sujet si délicat que l’histoire de sa vie, surtout parsemée de tels traumas.
Vous vous direz peut être : si ils ont jugé que son histoire n’est pas recevable, ils sont experts, nous devons faire confiance.
C’est là que les choses se compliquent : ces 9 dernières années au contact de demandeurs d’asile m’ont appris que, bien au delà de l’histoire de la personne, il y a des enjeux politiques et des accords entre les pays, voire même l’implication de notre pays dans certains conflits qui font que certains demandeurs d’asile ayant vraiment vécu atrocités et danger de mort ne sont pas reconnus réfugiés en France.
Pour le Rwanda, la France considère que le génocide est terminé. Elle ne reconnaît pas les représailles qui ont pu avoir lieu après le génocide. Or un génocide et la haine ne se terminent pas du jour au lendemain. Ça se saurait. Je me retiens de parler du Tchad et de la position de la France, et tellement d’autres exemples qui peuvent nous faire tellement honte, nous citoyens français.
Personnellement, je n’ai jamais réussi à m’imaginer dans la peau d’Emmanuel.
Il a fui la violence, pour finalement vivre un autre cauchemar de plusieurs années, sans toit, sans futur, sans être cru.
Une fragilité psychologique s’est progressivement installée, une impuissance terrible.
Il a essayé de croire, essayé de positiver. Plusieurs fois, nous avons prié. Il était croyant, catholique. Il essayait de placer sa confiance en Dieu. Il passait du temps d’ailleurs à l’église. Il a même été rencontrer le Pape et était très fier d’une photo de lui qui lui serrait la main. L’Église, c’était sa bouffée d’oxygène.
Mais récépissés, OQTF se sont enchaînés. Les montagnes russes. Le désespoir revenait souvent.
On ne peut pas imaginer ce que c’est. Pendant 8 ans, errer sans toit, dépendre de la bienveillance de certains qui t’accueillent. Tu ne peux pas travailler. Tu n’es pas réfugié. Tu ne peux pas retourner au pays, parce que, même si la France ne veut pas te croire pour ses raisons à elle qui dépassent de loin l’échelle des individus concernés, toi tu as connu la torture et l’horreur.
Mais on te dit que tu mens.
Malgré ce que le docteur qui a inspecté ton corps a écrit.
Malgré les preuves que tu a fournies.
Aucune issue.
Il y a eu un tournant, dans la santé mentale d’Emmanuel. C’était en hiver 2019 (?) il me semble.
Ça faisait déjà longtemps qu’on ne s’était pas revus. Emmanuel est venu chez nous, balafré à la joue, ses lunettes cassées, dans un état de panique, il était confus, il pleurait, il n’arrivait pas à s’exprimer. Le regard dans le vide, il répétait qu’il ne comprenait pas pourquoi il avait été attaqué. Quelques jours plus tôt, sur le parvis de la cathédrale, il avait été attaqué.
Je lui ai mis de la crème sur la joue, je lui ai donné le tube. Je devais partir faire je ne sais quoi avec mes enfants, je n’ai pas pris le temps qu’il fallait. Je n’ai pas mesuré ce qu’il se passait. Je crois que ce jour-là, il a vécu un trauma de plus, un trauma de trop. Peut être qu’à cette attaque, des traumas sont remontés…
Il y a quelques mois, je parlais avec un jeune qui était dans ma classe de français, avec Emmanuel.
B. avait 16 ans quand il est arrivé. Lui aussi avait eu un OQTF (obligation de quitter le territoire français) et lui aussi je l’avais vu pleurer, dans notre salon. Sa maman lui manquait. Il n’était qu’un ado, après tout ! Il ne savait pas où il allait. Mais parce qu’il était mineur, il a bénéficié de la protection de l’enfance et après une année de galère et de détresse, il a reçu ses papiers. Aujourd’hui il a fait des études, il travaille et il conduit. Alors que je lui donnais la terrible nouvelle de l’incendie de la cathédrale, voici ce qu’il a dit : « Si les problèmes avaient duré 8 ans pour moi, moi aussi je serais devenu fou, c’est invivable, intenable. Je suis désolé pour Emmanuel. »
Comprenons nous ?
Déjà l’année dernière à l’incendie de la cathédrale, de nombreuses personnes ont crié à l’attaque terroriste.
Cette cathédrale, Emmanuel l’aimait beaucoup. C’était son lieu de travail et son lieu de recueillement. En quelque sorte, c’était chez lui.
Il ne s’agit pas d’un homme qui est entré dans une cathédrale pour y mettre le feu !
Il s’agit d’un homme qui n’en pouvait plus et qui a foutu le feu à l’endroit qu’il connaissait peut-être le mieux.
Nous qui connaissons Emmanuel savons que c’était bien plus profond. Il aimait vraiment servir à l’église, ça lui permettait de penser à autre chose. Il aimait vraiment l’église. Sauf que même l’Église n’avait pu l’aider à hauteur du besoin. Le soutenir comme il l’aurait fallu.
Parce qu’un homme à qui on refuse de vivre comme un homme, à un moment, ne peut plus tenir. Malgré le vrai soutien qu’il a reçu de la part de plusieurs personnes et de l’Église.
Je voudrais dire à Madame Le Pen que OUI, OUI, il fallait accueillir cet homme menacé de mort au Rwanda.
Oui il fallait l’accueillir.
Mais ce n’est pas ce que nous avons fait. Il n’a pas été accueilli par la France, on lui a refusé l’asile suite à une interview, on lui a dit qu’il mentait, et pour des raisons qui dépassent son histoire et qui concernent la France et ses accords politiques, et cela malgré son intégration, son bénévolat, ses grands efforts, sa claire envie de s’en sortir, toutes les attestations que nous autres avons fournies, sa motivation à travailler, on l’a laissé survivre seul, sans ressources, sans toit, sans futur et sans perspective d’avenir.
On l’a laissé la nuit revivre l’horreur de son passé dans ses cauchemars et le jour, faire face au cauchemar que vit l’homme débouté du droit d’asile.
L’homme qui ne peut vivre comme un homme. On la laissé dans une détresse psychologique telle qu’un homme pourtant si doux, et encore une fois je ne suis pas la seule à le dire, se retrouve aujourd’hui tellement perturbé psychologiquement qu’il a tué celui qui lui tendait la main.
Sans parler de la prison depuis l’acte terrible d’incendier la cathédrale.
L’Unité psychiatrique de la prison ? Il ne mangeait plus pendant un temps. Il ne parlait plus. L’avez-vous visité ? Avez-vous cherché ce qui a pu le pousser à déclencher un incendie dans la cathédrale ?
On a fait vivre un cauchemar à ce pauvre homme, pendant de nombreuses années.
Aujourd’hui, je pense qu’Emmanuel souffre de troubles psychiatriques graves qui ont fait de lui, hier, lundi 9 août 2021, un criminel.
Il a tué cet homme qui lui tendait la main. C’est un acte d’une gravité énorme, et un acte incompréhensible qui, pour moi et à la lumière de ce que je sais de cette histoire, ne s’explique que par le trouble psychiatrique. Un trouble psychiatrique qui doit être reconnu. Un trouble psychiatrique installé par des années d’angoisse, dû à l’indifférence et la survie que vivent les déboutés du droit d’asile.
Et ce sont des citoyens, des religieux, des missionnaires, qui dans l’ombre prennent soin de ces gens qui sont là sans être là. Peu d’associations le font puisqu’il n’y a pas de financement pour ce public-là.
Qui sont les fantômes de notre République des droits de l’homme.
Qui bossent au black dans notre pays.
Aujourd’hui je peux dire que mon ami Emmanuel est devenu un meurtrier, lui qui avait fui son pays et tout risqué pour ne pas l’être. Il est devenu un meurtrier.
Mais jamais je n’oublierais qu’avant hier, lundi, il était d’abord une victime, une victime du Rwanda, et une victime d’une France qui ne lui a pas tendu la main alors qu’il avait besoin de secours, pendant de longues années.
Madame Le Pen se permet de s’emparer du sujet en le reliant à un acte terroriste, disant que cet homme n’aurait jamais dû venir en France. Elle se saisit d’une histoire qu’elle ne connaît pas comme d’un argument pour faire pencher la balance en sa faveur.
Cet homme comme tant d’autres est venu trouver refuge en France parce que nous sommes le pays des Droits de L’Homme. Mais nous ne lui avons pas donné refuge. Nous l’avons laissé dans la misère et sa souffrance a pris le dessus. Hier il a commis le pire.
Aucun de nous ne peut savoir s’il aurait supporté les souffrances d’Emmanuel. Celles du Rwanda, et celles de ces 9 dernières années en France.
Moi, je ne pense pas que j’aurais pu les supporter. Déjà les lire dans un dossier c’était trop. Alors les vivre, non.
Au prêtre décédé hier, tué par l’ami qu’il hébergeait, avec l’espoir de le voir aller mieux : merci du fond de mon cœur il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.
Vous avez tendu la main que la France n’a pas tendue à cet homme.
À tous, que celui qui a déjà vécu une vie comme celle d’Emmanuel lui jette la première pierre.
Moi, fille de fils d’immigré d’Algérie, j’ai eu la chance d’apprendre à écrire. Aujourd’hui je tenais à ce que ma plume témoigne de l’histoire d’un exilé, qui n’a lui pas eu la même chance que ma famille en France. Un exilé qui a été ignoré lorsqu’il tenait bon, et qui aujourd’hui est connu parce qu’il est tombé.
Voila, merci de m’avoir lue.
Cécile Issaad Murray
cecile.asolidaire@gmail.com
Ma tante, Odile Brousse, qui a hébergé Emmanuel plusieurs mois, tient à dire qu’elle co-signe cette lettre.
Vous pouvez partager, et largement si le cœur vous en dit.
Le prochain numéro paraîtra probablement fin septembre.
Ce recueil d’informations est, bien évidemment, libre de tout droit.
N’hésitez-pas à le diffuser largement autour de vous !
Responsable de la publication : Alain WEILL
Pour toute remarque, question, suggestion, ou même encouragement, une seule adresse :
collectifagiraix@gmail.com
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