Bonjour. Je m’appelle Fabien et je suis Aixois d’adoption. En 2015, suite à la diffusion à la télévision des images du petit Aylan retrouvé noyé sur une plage turque et à la décision du gouvernement Français d’accueillir 25 000 Syriens sur le territoire.
J’ai donc souhaité apporter mon aide aux migrants en devenant référent au sein du collectif Agir. Je fais donc partie d’un binôme de référents en charge d’une famille d’origine Erythréenne : le papa et la maman et leur petit garçon, né en France. La litanie des démarches administratives à effectuer semble de prime abord sans fin et très complexe, même pour un Français de souche. J’ai l’habitude de dire que pour arriver à s’en sortir dans le maquis administratif, il faut au moins avoir fait Polytechnique. Vous imaginez la difficulté pour un migrant ne parlant même pas le français (ni l’anglais).
Le premier travail consiste à trouver un interprète bénévole et, important, qui a du temps disponible. Nous avons eu la chance de trouver Naima, qui parle l’arabe moyen-oriental (différent de l’arabe dialectal parlé en Afrique du Nord). Ouf !
Grâce à elle, nous avons pu entrer en contact et communiquer avec nos migrants et entamer les nombreuses démarches administratives, avec l’aide des différentes associations constituant le collectif AGIR, organisé en pôles : juridique (dossier de demande d’asile, dossier de demande d’allocation aux DAs, domiciliation au Forum Réfugiés de Marseille…), santé (parcours de santé avec l’aide la Croix Rouge, demande de CMU…), hébergement et apprentissage du français. Les référents ont encore de quoi faire : habillement et nourriture auprès des Restos du Cœur, de la Croix Rouge, du Secours Catholique, organisation des déplacements et des transports, etc.
Quelques leçons retenues de cette expérience de référent :
- Se familiariser avec le collectif AGIR, son fonctionnement et ses membres car le référent ne peut pas travailler isolément. Le partage d’expérience (et de problèmes) entre les référents reste un outil primordial pour apprendre à débrouiller les problèmes. Les réunions mensuelles des référents continuent de m’en apprendre !
- Tout partager au sein du binôme de référents, pour que l’un puisse indifféremment remplacer l’autre.
- Échanger les coordonnées téléphoniques (portable) et instituer un protocole d’appel entre les migrants et les référents : la plupart des migrants ont un portable avec un abonnement Lycamobile (appels entrant gratuits, appels sortant payants). Exemple : ils vous appellent et raccrochent tout de suite ? Vous rappelez !
- Mettre en place des rendez-vous réguliers avec les migrants : en tant que référent, vous « entrez » dans leur famille. Ils connaissent peu de monde, et encore moins de Français. Ils comptent sur vous pour toute question ou difficulté qu’ils pourraient rencontrer dans leur vie quotidienne. Anticipez en les rencontrant souvent !
- Édicter des règles claires de ce que vous, en tant que référent, êtes susceptible / prêt à faire / ne pas faire. Exemple 1 : Je vous accompagne X fois à la préfecture : au Forum Réfugiés de Marseille pour que vous fassiez renouveler vos attestations / alliez chercher votre courrier. Après, il vous faudra y aller seuls. Exemple 2 : si vous devez prendre les transports en commun, vous devez acheter un billet ! Si vous n’avez pas d’argent pour acheter le billet, contactez-moi. Si vous prenez un transport sans avoir acheté le billet et êtes contrôlé, vous aurez une amende que VOUS devrez payer.
- Instituer et tenir à jour un calendrier des rendez-vous des migrants (date, heure, lieu, raison).
- Bien organiser la paperasserie. Pour les migrants, tous les documents, même périmés, sont utiles, directement, indirectement, aujourd’hui ou demain : attestations, factures, certificats, etc.
- Créer des moments « surprise » : leur rendre visite de façon impromptue, prendre un café ensemble à l’extérieur, aller visiter une chose ou une autre, organiser ou participer à des moments de convivialité et de fête (repas préparé ensemble à l’occasion d’une visite, d’un anniversaire, etc.), les envoyer à un spectacle (gratuit, de rue…), aller se promener ensemble en campagne, organiser une partie de foot, participer à une campagne de sensibilisation et témoigner, etc. Malgré les difficultés traversées, c’est un vrai bonheur de les voir se prendre en charge, faire la fête pour quelque occasion que ce soit et chanter dans leur langue en tapant des mains, raconter des histoires ou des blagues dans leur langue ou en français, s’écrouler de rire… La vie reste la plus forte !
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